Revue de presse

 

 

 

 

 

Il y a 63 ans, Gino arrivait des Pouilles à Falaise. Il n'a pas été le seul.

 

 L'histoire

 

« Je me souviens du 3 juin 1950. Il pleuvait. Je me suis dit: dans 6 mois, t'es mort... » Gino Zaffiro, 15 ans, vient d'arriver à Falaise encore en ruines où son père Vito travaille comme maçon depuis quatre ans. « Maman venait de mourir chez nous à Gioia del Colle (Pouilles) et mes deux soeurs Lucia et Rosa avaient été placées en orphelinat. » Comme des milliers d'autres, il fuit la misère du sud de l'Italie.

 

Zaffiro, Zanello, Toffolutti et bien d'autres... Des noms connus et reconnus. Dans les années 20 et 30 ou après 1945, ils sont venus construire ou reconstruire la Normandie.

 

Gino, 78 ans cette année, est l'un d'entre eux. Il est d'abord apprenti. « Ça a été dur. Il a fallu que j'apprenne le français, le calcul, le dessin et la technologie en cours du soir. » De chantier en chantier, il apprend le métier de son père « car mon titre de séjour m'interdisait de faire autre chose ».

 

Meilleur ouvrier de France

 

Vers 1953, les Zaffiro partent pour Caen et Cormelles-le-Royal où les chantiers sont plus nombreux. « On vivait dans un campement, tout juste tolérés. » Dans la famille de ses copains français, le mérite de ce « Macaroni » fait malgré tout l'admiration. Sa soeur Lucia, 14 ans, le rejoint en 1955. « Moi qui avais quitté l'école à 9 ans, j'ai commencé comme femme de ménage avant de retourner en formation à 40 ans puis à 50 ans tout en travaillant à la sécurité sociale. » Gino, lui aussi se perfectionne, notamment aux Beaux-Arts où il obtient un 1er prix d'architecture.

 

Le petit Italien sera meilleur ouvrier de France - catégorie cimentier - en 1961 et créera son entreprise en 1978. Treize ans après son départ en retraite, elle a été vendue et revendue, mais elle porte toujours son nom, à Bretteville-sur-Odon. De sa jeunesse, il a gardé un petit accent, comme sa soeur. Mais aussi son accordéon et l'amour des chansons napolitaines. Dimanche, Gino et Lucia fêteront la Befana, leur Noël traditionnel, avec une centaine d'Italiens de Normandie réunis au sein de l'association « Realital ».

 

Il n'y a pas longtemps, Gino est allé au lycée Malherbe de Caen. Pour les jeunes, il a remonté le temps. Tandis qu'il rangeait ses affaires, un ado l'a attendu à la sortie. Gino se souvient parfaitement de ses mots : « J'ai pleuré, monsieur. C'est comme si mon grand-père m'avait encore raconté son histoire... » Des Gino Zaffiro, il y en a tant d'autres en Normandie.

 

http://www.ouest-france.fr/zaffiro-un-nom-italien-qui-fait-la-normandie-1501742